
Un Etat au bord de la faillite, une économie en panne, une société en décomposition et un état d’exception, qui dure depuis six mois et qui risque de durer une année encore. Etat d’exception dont l’auteur est en guerre déclarée contre tout le monde ou presque et qui continue de confondre entre souveraineté du peuple et slogans d’une rue inculte, grièvement blessée par une classe politique opportuniste, corrompue, immature et incompétente.
Voilà où nous en sommes à la veille du 11e anniversaire du cataclysme social, politique et économique du 14 janvier 2011. Cela, en plus des prémices d’un bouillonnement social sur fond d’un bras de fer Centrale des travailleurs-administration publique et d’un affrontement qui risque de devenir violent entre ceux qui contestent les mesures d’exception prises par Saïed depuis le 25 juillet dernier et le pouvoir en place.
A la place de la liberté, du travail et de la dignité nationale, principales revendications du soulèvement populaire déclenché le 17 décembre 2010, le peuple se retrouve aujourd’hui livré au désespoir, à la gabegie, à la paupérisation, à la violence et est en train de voir ses acquis partir en fumée et sa souveraineté se rétrécir comme peau de chagrin. Un peuple qui s’est comporté tout au long de ces onze dernières années, toutes catégories confondues, comme l’auront fait des envahisseurs devant un butin. Un peuple qui a été poussé à adopter des comportements suicidaires et a été puni par certains pour avoir osé dire non.
Résultat, échec total du processus de transition politique, y compris son volet justice transitionnelle, échec de toute tentative d’amorcer des réformes économiques et sociales, atteintes graves à notre identité, recrudescence de tous les fléaux et de tous les maux et des mouvements sociaux violents qui pourraient facilement se déclencher.
Une onzième année de perdue et aussi mille chances, ayant pu offrir un meilleur avenir pour le pays qui continue de rêver d’un Etat souverain et démocratique au service d’une société qui baigne dans l’harmonie, la paix et la prospérité, formée de vrais citoyens, patriotiques, fiers de leur identité, engagés pour l’intérêt commun, solidaires, créatifs, productifs et confiants dans l’avenir.
Constat d’autant plus inquiétant que le pays est aujourd’hui, et à cause des mesures que Saïed continue de prendre contre tout bon sens et contre la volonté du peuple, dans une impasse. Celle-ci risque de provoquer d’autres secousses sociales et de livrer l’Etat à la faillite et la population à la misère. D’où la nécessité urgente d’un sursaut national salvateur. Sachant que le peuple, détenteur de la souveraineté, ne peut exercer ladite souveraineté qu’à travers ses représentants élus et le référendum. Traduire à la suite d’élections libres universelles et transparentes.
La volonté populaire, qui s’exprime sur la base de la souveraineté du peuple, n’est donc ni les mouvements de rue, ni les élucubrations des réseaux sociaux, encore moins les résultats de sondages d’opinions bricolés à des fins obscures. La complexité de la situation impose, à tous, le dialogue et des décisions salvatrices. Cela ne peut avoir lieu que dans le cadre d’un congrès national, dont les membres seront les députés qui ne sont pas poursuivis par la justice, les représentants des organisations nationales, des conseils municipaux, des conseils scientifiques des universités, des conseils de l’ordre des professions constituées en ordres.
Objectif, mettre en place un plan pour sauver l’économie, préparer le terrain pour des élections législatives et présidentielle anticipées, faire en sorte que le peuple puisse connaître la vérité de tout ce qui s’est passé dans la sphère publique depuis 1955, date de la guerre des clans qui a fait dévier de ses objectifs le mouvement national et ouvert la porte à la dictature et à l’arbitraire.
Ledit congrès devrait, entre autres, faire appel à un collège d’experts nationaux en droit constitutionnel, indépendants et intègres et l’inviter à siéger, en toute transparence et en présence d’observateurs issus des différentes juridictions internationales, afin d’éclairer le peuple sur ce qui s’est passé, depuis le 25 juillet dernier. Sans cela, les conflits continueront de déchirer le pays et risquent alors de le détruire.